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Je m'informe

  • Les effets qui suivent une agression sexuelle ;
  • Le Moi hanté ;
  • Comment réagir ?
  • En parler, communiquer, chercher de l'aide ;
  • Le recours judicaire, les pièges ;
  • La domination masculine

Pour tout ce qui concerne les informations juridiques et légales vous trouverez facilement des réponses aux questions essentielles que l’on se pose après une agression sexuelle.
Sur le site de France Victime vous trouverez de nombreuses indications légales et des conseils sur les comportements à adopter après une agression physique, sexuelle ou psychologique. D'autres informations sur le site noustoutes.org
Néanmoins, in situ les disparités sont nombreuses et à trop suivre à la lettre les indications officielles on risque des déceptions voire des souffrances supplémentaires.
Nous vous donnons quelques indications utiles sur la page Je suis victime
Vous trouverez sur cette page des réponses à des questions que l’on peut se poser quand on a subi une agression sexuelle.

Les illustrations de ces pages sont de la main de Julie Junquet. Merci à elle !

Les réactions immédiates après un viol peuvent varier. Certaines survivantes de viol restent sidérées, engourdies, en état de choc et dans le refus de croire qu’un drame soit survenu.
Ces victimes présentent un affect plat, apparemment calme, une attitude réservée, elles sont presque absentes et ont des difficultés à s'exprimer. Si bien qu’elles paraissent faire diversion dès qu’elles reprennent pied dans la réalité.
D’autres survivantes de viol réagissent tout à fait différemment. Plus expressives, elles formulent des sentiments de tristesse ou de colère. Elles peuvent paraître désemparées ou angoissées voire révoltées, manifestant des comportements rageurs ou agressifs contre le personnel médical qui tente de les soigner ou envers leur entourage.
Divers facteurs peuvent aider ou inhiber la capacité des survivantes à résoudre les problèmes associés au viol. Des sentiments positifs d’estime de soi, des systèmes de soutien bienveillant, des succès antérieurs dans la gestion des problèmes et la sécurité économique renforcent la capacité à surmonter les crises. Les survivantes qui peuvent minimiser (ou n’aborder qu’une partie des signes de souffrance) réussissent en apparence à surmonter la crise mais pas forcément à en guérir.

Le Moi hanté

De nos rencontres avec des femmes ayant dépassé la cinquantaine qui n’ont jamais entrepris un travail psychologique en profondeur, il apparaît que le génie malfaisant du violeur continue de hanter le présent de ces femmes.
Les rescapées de violences sexuelles sont assaillies par des réminiscences, des flashbacks, des souvenirs obsédants et des pensées morbides. Il leur est souvent impossible de s’en détacher. Ces contenus hantent véritablement la conscience, comme une nuée de frelons qui bourdonnent aux oreilles. Seul le silence du sommeil atténue ce harcèlement ; encore faut-il qu’il ne soit pas peuplé de cauchemars qui ramènent les mêmes fantômes. On comprend le recours à des lacérations, à des tentatives de suicide répétées. Soumis à ces tortures invisibles, on s’arracherait la peau ! 
Associé souvent à une hypersensibilité fréquente, tout contact physique se transforme en une cuisance terrible. La victime est sous la torture, il lui reste peu d’espace de paix.
Dans l’entourage proche, on peut minimiser l’effet de ces souffrances intérieures. Le réflexe, de bonne foi, serait de suggérer de faire un effort sur soi, comme on le fait souvent avec les personnes souffrant de dépression. Ou, de manière plus archaïque encore, de ramener la femme à son rôle de donneuse de vie ou d’épouse (cela n’a rien d’exceptionnel, même au XXIe siècle !).

Sexualité
Sensualité

Que faire ?
Pour comprendre comment aider une victime, il faut revenir sur chaque étape du processus de cautérisation. En comprenant mieux vous pourrez faciliter les transitions d’une étape à une autre. En premier lieu, sachez que la meilleure façon de contribuer pleinement au processus de cautérisation c’est d’être à l’écoute, une écoute attentive. Ne pas interpréter ce qui se dit ou se fait selon des critères moraux, des convictions personnelles, voire des préjugés. Ne pas chercher à se mettre à la place de la personne...
Certaines survivantes préfèrent ne jamais évoquer les abus sexuels, même au travers de conversations avec des amis, de documentaires... Cela tient au fait qu’elles veulent préserver leurs proches. Vous pouvez vous douter de quelque chose, soyez délicat, ne forcez pas les portes du dévoilement. Quand vous posez des questions, préférez celles qui laissent le choix ouvert. Par exemple : « Comment te sens-tu à ce sujet ? » Évitez les affirmations comme pour signifier que vous comprenez ce qui se passe. Évitez commentaires et avis trop imprégnés de morale ou de bienséance comme « Tu aurais pu faire telle ou telle chose » ou « tu dois te sentir mal ? ». Les questions ne sont pas toujours utiles. Vous n’avez pas besoin de connaître les détails de ce qui s’est passé pour aider quelqu’un. Cela peut réveiller le traumatisme. Laissez la victime gérer sa boîte à souvenirs. Acceptez ce qui se dit dans l’état.

Ne restez pas seul∙e ! Parlez, dites les choses !

Communiquer est essentiel, que ce soit auprès d’un∙e partenaire ou d’amis proches. Être attentif∙tive à l’oreille qui écoute, les complaisances ou les réponses qui semblent relever de la commisération peuvent faire très mal. Les mots pour le dire sont forcément différents quand on se dévoile auprès d’un ami intime, d’un membre de la famille ou auprès d’un enfant.
Le recours à un professionnel formé à l’écoute des victimes s’avèrera souvent nécessaire. Il existe plusieurs méthodes thérapeutiques non-verbales dont la pertinence est vérifiée. Participer à des groupes de parole dédiés facilite la cautérisation des blessures. La victime peut alors partager son histoire et trouver ainsi un moyen d’échapper au tourbillon de la culpabilité et de la honte.

La plainte ou la double peine
La majorité des plaintes pour viols sont classées sans suite par le Parquet. Le classement est la pratique majoritaire des parquets, quelles que soient les infractions. Pour les agressions sexuelles, environ 70% des affaires sont classées. Si, de tous temps, le législateur a été très vigilant pour les atteintes au corps de l’autre, il n’en va pas de même en ce qui concerne le corps de la femme. La décision de porter plainte doit être soigneusement réfléchie et pesée car la victime devra affronter la Loi sous une forme qui ne lui est pas immédiatement favorable. Il est regrettable d’avoir à souligner ce fait. Avant de prendre une décision, il convient de faire le point sur tous les aspects du délit ou du crime et sur ce que cela impliquera dès la constitution de la plainte. Nous déconseillons fortement de porter plainte directement à la Gendarmerie ou au commissariat le plus proche. Se rapprocher d’une association d’aide aux victimes qui permettra de faire l’historique des faits, lequel sera alors transmis à un avocat qui rédigera la plainte pour qu’il la transmette directement au Procureur de la République. C’est l’avocat qui s’assurera du suivi de la plainte. Récemment, des Maisons de Protection des Familles ont été créées sur les territoires. Il s’agit de brigades de Gendarmerie, ce qui exclut les villes qui dépendent de la Police Nationale. Le personnel de ces brigades est formé à l’accueil des victimes. Il est de toute première importance de s’assurer que la victime dûment informée soit en mesure de faire face à l’ensemble de la procédure : enquête préliminaire, appel de témoins, auditions, confrontation de la victime et de son agresseur, audience... Pour toutes les victimes que nous avons accompagnées, la procédure s’est avérée très anxiogène, à chaque stade.

L'empreinte du patriarcat

Les difficultés rencontrées durant les procédures, cette double peine subie par les victimes relève de la permanence de la culture du viol et du masculinisme.
Sans entrer dans une forme de défense militante de tel ou tel point de vue, nous devons prendre en compte un fait historique, ethniquement marquant, des cultures occidentales. 
La supériorité historique du principe masculin sur le principe féminin n’est pas universelle. Il a existé bien avant cette tranche d’humanité, qui fut aux fondements de ce que nous nommons civilisation, des sociétés reposant sur d’autres principes. La supériorité historique du principe masculin sur le principe féminin n’est en rien la reproduction de principes de nature. On trouve dans la nature des formes multiples de relations entre les sexes. 
Le patriarcat est un système idéologique qui a rendu naturelle et indiscutable l’infériorité de la femme vis-à-vis de l’homme. C’est ce qui justifie « naturellement » l’oppression ou les discriminations exercées à l’encontre des individus qui ne rentrent pas dans ce cadre normatif (personnes homosexuelles, personnes transgenres, personnes en situation de handicap, mais aussi les enfants.)
Quand une construction sociale est à la fondation d’une civilisation, elle s’inscrit dans tous les esprits sans qu’elle puisse être mise en évidence. Ce mythe du masculin protecteur nous imprègne de manière inconsciente. Or, la victime a bel et bien été prise au piège de cette construction car le masculin protecteur s’est, l’espace d’un instant, par surprise, retourné en un masculin destructeur. D’où la confrontation de la victime à ce qui est inconcevable, innommable.

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